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Ambassadeur Fu Cong : Les mesures commerciales de l’UE contre la Chine nuiront non seulement aux entreprises chinoises, mais aussi aux entreprises européennes
2024-02-06 01:59

Le 22 janvier 2024, l’Ambassadeur Fu Cong, Chef de la Mission de Chine auprès de l’UE, a accordé une interview exclusive à Kevin Whitelaw, Chef du Bureau de Bloomberg à Bruxelles, et à son collègue Tom Hancock.

Bloomberg : Je voudrais commencer par le commerce. L’UE et la Chine ont toutes deux annoncé diverses enquêtes commerciales liées aux subventions et aux mesures antidumping. Les deux parties sont-elles sur la voie d’une guerre commerciale ? Comment l’éviter ? 

Fu Cong : Nous ne voulons pas de guerre commerciale, mais nous sommes très préoccupés par certaines des mesures commerciales prises par l’UE. D’après nos informations, neuf catégories d’exportations chinoises vers l’Europe ont déjà fait l’objet d’une enquête, soit pour antisubventions, soit pour antidumping. La plus connue est celle des véhicules électriques. D’autres produits seraient également visés par des mesures similaires, comme les panneaux solaires, les éoliennes, le biodiesel et d’autres encore.

Nous nous y opposons, car nous pensons que ces mesures sont de nature protectionniste. Si vous examinez les éléments faisant l’objet d’une enquête, vous constaterez que nombre d’entre eux sont liés aux énergies renouvelables. En fait, il y a beaucoup de coopérations, de partenariats et même de joint-ventures entre les entreprises chinoises et européennes. L’imposition de droits de douane élevés ou d’autres types de mesures nuira donc non seulement aux entreprises chinoises, mais aussi aux entreprises européennes. En outre, cela compromettra les efforts de l’Europe en faveur de la transition verte. Des médias occidentaux ont déjà publié des reportages appelant l’UE à la prudence et insistant sur la nécessité d’évaluer les effets que cela pourrait avoir sur l’ambition de l’UE en matière de transition verte. On dit déjà qu’un grand parti politique européen propose d’annuler l’échéance de 2035 pour l’interdiction des véhicules à combustion interne. De mon point de vue, si l’UE restreint la coopération avec les entreprises chinoises dans le domaine des énergies renouvelables, cela aura certainement un impact négatif sur les efforts globaux de l’UE en matière de transition verte.

Permettez-moi également de souligner que nous espérons que cette question sera résolue de manière amicale. Selon nous, les mesures de défense commerciale, les tarifs douaniers élevés ou les sanctions ne peuvent être utilisés qu’en dernier recours. Nous espérons que les deux parties pourront réellement travailler ensemble de manière amicale afin de trouver des solutions mutuellement acceptables.

Bloomberg : Vous avez mentionné l’enquête sur les véhicules électriques, qui a évidemment fait couler beaucoup d’encre. Pensez-vous que l’enquête menée par l’UE est sérieuse et de bonne foi ? Et si elle décide d’imposer des droits de douane, pensez-vous que la Chine prendra des contre-mesures ? 

Fu Cong : Tout d’abord, certains affirment que cette enquête est motivée par des considérations purement politiques. Ce n’est pas moi qui le dis. Ce sont des représentants des États membres. Nous espérons que ce n’est pas le cas. En ce qui concerne la procédure, franchement parlant, je ne trouve pas la procédure sans faille. Tout d’abord, pour la plupart des cas, pour qu’une telle enquête soit lancée, il faut une demande de l’industrie, mais cette fois, c’est la Commission européenne qui prend l’initiative de le faire.

Deuxièmement, en ce qui concerne la consultation préalable à l’ouverture de l’enquête, la Commission a accordé à la partie chinoise un délai très limité pour s’y préparer.

En ce qui concerne l’échantillonnage des exportateurs, elle a choisi trois exportateurs chinois, et délibérément exclu le plus grand exportateur de voitures électriques vers l’UE, qui est une société à capitaux américains. Nous pensons que ce n’est pas juste pour les entreprises chinoises. Et pour ce qui est de l’échantillonnage des entreprises européennes, ils ont également délibérément exclu certains des plus grands producteurs et vendeurs de voitures électriques. Cela va certainement fausser le résultat de l’enquête. Ce n’est pas juste. Et nous pensons qu’il faut y remédier.

Bloomberg : Mais jusqu’à présent, la Chine coopère avec l’UE.

Fu Cong : C’est vrai. Comme je l’ai dit, nous sommes en consultation avec l’UE en dépit de ces défauts dans la procédure, car nous voulons éviter une situation où les deux parties devraient recourir à des mesures commerciales l’une contre l’autre.

Bloomberg : Vous vous attendez à une réaction de la Chine si des mesures tarifaires sont appliquées aux véhicules électriques ?

Fu Cong : Nous espérons que cela ne se produira pas. 

Bloomberg : Nous avons vu la récente enquête annoncée sur l’industrie du brandy, qui a été très largement interprétée comme une réaction et un avertissement. En ce qui concerne les produits de l’UE, pensez-vous qu’il y a d’autres domaines susceptibles de subir des enquêtes similaires ? Je pense aux cosmétiques, aux produits de luxe ou autres. 

Fu Cong : L’enquête sur le brandy est due au fait que le gouvernement chinois a reçu des plaintes ou des demandes de la part des producteurs chinois. Nous avons constaté que le volume des exportations vers la Chine a augmenté de façon spectaculaire et que le prix a chuté assez rapidement. C’est pourquoi nous avons lancé cette enquête. Mais l’Europe a toujours accusé la Chine de fournir des subventions d’une manière ou d’une autre. En fait, si vous regardez l’UE, de 2020 à 2022, il y avait au total 3 800 milliards d’euros de subventions à diverses industries en Europe. Si nous adoptions la même approche que l’UE, de nombreux éléments pourraient faire l’objet d’une enquête.


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