La littérature |
2004-03-15 17:24 |
L’histoire de la littérature classique
chinoise remonte à une époque très
reculée. Le Shi Jing (Livre des Odes) est le premier
recueil de poèmes chinois. Il en comprend trois cent
cinq, datant de l’époque des Zhou de
l’Ouest et de celles des Printemps et Automnes (du XIe
au Ve siècles av. J.-C.). C’est à
l’époque des Royaumes combattants(475-221 av.
J.-C.), que Qu Yuan, le premier grand poète de
l’histoire de la Chine écrivit le Li Sao
(Élégie de la séparation), l’une des
œuvres lyriques majeures de la littérature
chinoise. Le Shi Jing et le Li Sao sont considérés
comme deux sommets apparus à l’aube de
l’histoire de la littérature chinoise. Sous la
dynastie des Han (206 av. J.-C.—220 ap.J.-C), qui
succéda à celle des Qin, la prose s’illustra
avec la parution du Shi Ji (Mémoires historiques) de
Sima Qian, considéré comme un modèle de
littérature biographique, et la poésie, avec les
remarquables chants folkloriques recueillis par le Yuefu
(Bureau de la Musique). Le plus représentatif
d’entre eux est celui intitulé Les Amants
fidèles à leur serment(Kong Que Dong Nan Fei), qui
s’est transmis à travers les siècles. Avec
l’essor de la poésie à l’époque
de Wei et des Jin (IIIe-Ve siècles ap. J.-C.), la
littérature chinoise accéda à un nouveau
sommet. Les figures les plus représentatives sont
celles de Cao Cao, Cao Pi, Cao Zhi, Ruan Ji, Ji Kang et Tao
Yuanming. Tao Yuanming, qui excellait dans la description
des paysages et de la vie champêtre, est connu comme le
plus grand poète de la nature de l’époque.
Les chants folkloriques de la période postérieure,
celle des dynasties du Sud et du Nord, devaient briller de
tout leur éclat dans l’histoire de la
littérature. Ceux des dynasties du Sud étaient
pour la plupart des chansons lyriques, tandis que ceux des
dynasties du Nord reflétaient plutôt
l’esprit martial des peuples nomades. L’un des
plus célèbres d’entre eux, le Mu Lan
Ci(Chant de Mu Lan), narre l’histoire de la jeune Mu
Lan qui s’enrôla dans l’armée,
déguisée en homme, pour remplacer son vieux
père. Sous la dynastie des Tang(VIIe—Xe s. ap.
J.-C.), la littérature chinoise connut une époque
de plein épanouissement. L’on assista à un
foisonnement de lettrés. Le Quan Tang Shi (Poèmes
complets des Tang) réunit environ cinquante mille
poèmes de quelque deux mille deux cents auteurs, parmi
lesquels Li Bai, Du Fu et Bai Juyi sont les plus
célèbres. Li Bai fut le second grand poète
romantique après Qu Yuan. La postérité lui
décerne le titre d’ ‘Immortel de la
poésie’. Empreinte de grandeur et
d’imagination, son œuvre puise sa sève dans
les chants folkloriques et la mythologie, éblouissante
d’originalité. Les poèmes de Du Fu quant
à eux, se caractérisent par la clarté des
images, la simplicité de la langue ainsi que leur
remarquable puissance d’expression. Beaucoup
d’entre eux reflètent l’évolution de
l’empire des Tang, de la grandeur à la
décadence, et constituent de véritables
‘poèmes épiques’. La prose de cette
époque connut une réforme. Han Yu et Liu
Zhongyuan, grands prosateurs, contribuèrent à
l’élimination de la prose rythmée, en vogue
depuis l’époque des Wei et des Jin, qui
recherchait le parallélisme et le décor fleuri en
même temps qu’une accumulation d’allusions
et de clichés. Ils s’employèrent à
faire revivre les belles traditions de la prose qui exigeait
un contenu plus substantiel et original, une longueur
variée, un style simple et fluide débordant de
force. Vers la fin des Tang, le ci, un genre de poème
composé de vers de longueurs inégales, écrits
pour être chantés, apparut sous l’influence
de la musique introduite de l’étranger et connut
un grand développement sous la dynastie des Song. Tant
du point de vue du contenu que du style, les auteurs de ci
des Song peuvent se classer en deux grandes écoles.
L’une, l’école Wanyue, est
représentée par les poètes Liu Yong et Li
Qingzhao. Leurs œuvres se bornent
généralement aux seuls thèmes de
l’amour et de la tristesse de la séparation. La
seconde école de ci, caractérisée par la
vigueur du style, eut pour représentants Su Shi et Xin
Qiji qui s’exprimèrent par des vers aux accents
à la fois exaltés et élégiaques. Sous la
dynastie des Song, les conteurs populaires se servaient des
huaben, textes de référence en langue parlée,
qui exercèrent une influence profonde sur le
développement ultérieur de la littérature. La
dynastie des Yuan a porté le Zaju (école du Nord
qui réunit divers genres dramatiques) au sommet de la
littérature de l’époque. Le Zaju est un
véritable spectacle théâtral au cours duquel
on chante des sanqu (sorte de chansons lyriques). Il
s’agit en effet d’un art scénique
conjointement créé par les acteurs, les musiciens
et les dramaturges. Aux accents de la musique, les artistes
chantent, déclament, miment et dansent sur la
scène, retraçant ainsi toute l’histoire de
la pièce. Guan Hanqing, un célèbre dramaturge
de cette époque, composa en tout soixante-trois
pièces de théâtre. Son œuvre la plus
typique, Dou E, victime de l’injustice, de même
que La chambre de l’Ouest de Wang Shifu, sont
passées à la postérité. Les dynastie des
Ming et des Qing virent la floraison du roman. Le roman des
Trois Royaumes de Luo Guanzhong, Au bord de l’eau de
Shi Nai’an, Le Pèlerinage vers l’Ouest de
Wu Cheng’en et Le rêve dans le pavillon rouge de
Cao Xueqin, sont considérés comme les quatre
chef-d’œuvre de la littérature classique
chinoise. Le rêve dans le pavillon rouge livre une
analyse approfondie et une critique sévère de la
société féodale, ténébreuse et
corrompue, à travers l’amour et la tragédie
du mariage entre les trois personnages principaux, Jia Baoyu
et ses cousines, Lin Daiyu et Xue Baochai, et la grandeur et
la décadence de la famille Jia. Par sa profondeur, sa
richesse et son réalisme, ce roman atteint au
faîte du roman classique chinois. Citons encore le Jin
Ping Mei (La Fleur en fiole d’or), signé du nom
d’emprunt de Xiao Xiao Sheng, le Liao Zhai Zhi Yi
(Contes fantastiques du Pavillon des Loisirs) de Pu Song
Ling, et le Ru Lin Wai Shi ( Histoire romancée des
Lettrés) de Wu Jing Zi, qui figurent également
parmi les chefs-d’œuvre de la dynastie des Ming
et des Qing. |